Seydina Limamou Laye Al Mahdi (PSL)
Ibrahima Samb
Commission Scientifique
Le monde traverse une période sombre de son histoire, une période d’anxiété et de crises répétées que tous les systèmes ayant jusqu’ici séduit une bonne partie de l’humanité tels que le communisme, le capitalisme ou le libéralisme peinent à y apporter une solution.
Ainsi, cela eut augmenté un grand désespoir chez les idéalistes de la race humaine. Ceux-ci doivent surement se dessaisir face à l’annonce du prophète sur la parousie du Mahdi, Sauveur de l’Humanité. En effet Il, lui le Mahdi est dévolu la noble mission de remplir la terre de justice et d’équité après avoir été dominée par l’injustice.
En cela l’Humanité prise à ses dépens, se doit de s’abreuver de ses enseignements salvateurs afin de sortir des crises systémiques dont prophétisent bon nombre d’observateurs aguerris. Dans la démarche qui suit nous nous évertuerons de vous présenter le Noble Saint Maitre, sa trajectoire avant de nous ressourcer sur ses riches enneigements qui constituent une sorte de bréviaire pour le salut de l’humanité sur une partie de sa trajectoire depuis le milieu qui l’a vu naitre et quelques solutions tirées de ses riches enseignements.
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Un monde rempli d’injustice et d’iniquité
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Seydina Limamou est apparu à une époque corrompue hostile à la piété, remplie d’injustice et d’équité comme l’avait prédit le Noble prophète PSL dans ses hadiths.
Au plan de la gouvernance, un accent particulier sur le régime tribal dirigé par des rois autoritaires dominait la vie de beaucoup de société. Ces tyrans abusaient de la subordination de leurs administrés dans les champs de la souffrance et de turpitude pour espérer jouir d’une piètre jouissance de leur pouvoir passager. Par ailleurs, ils confisquaient leurs terres et leurs biens, leur imposaient des taxes et leurs faisaient payer de lourds tributs couronnés par la violence, les assassinats et même la traite des esclaves.
D’autre part, il y avait le système colonial qui était un système de domination qui servait à ensevelir les africains, à exploiter leurs terres et la main d’œuvre injustement, il avait aussi comme objectif de vider l’Afrique de ses valeurs, de sa civilisation pour imposer leur culture. C’est la raison injustifié brandie aux missionnaires ecclésiastes pour combattre l’Islam qui entravait leur mission « civilisatrice » et les empêchait de réaliser leurs objectifs. C’est ainsi, que Rome, l’un de leurs dirigeants, a dit : « nous devons veiller à ce que les croyances vulgarisées par les groupes musulmans ne soient pas une menace contre la réalisation de la grande civilisation que nous suivons »
Un plan qu’ils ont exécuté pour freiner l’avancée de l’Islam en usant de tous les moyens qui étaient à leur portée, telles que les décisions prises contre les écoles coraniques en 1857. En plus des persécutions perpétrées contre les guides religieux qui combattaient cette mission « civilisatrice » et protégeaient les valeurs islamiques.
Par ailleurs, les colons ont essayé de répandre le christianisme par le biais des missionnaires catholiques ; ce qui a impacté sur la vie religieuse de cette période.
Sur le plan socio-religieux les cultes traditionnelles prédominaient ou même cohabitaient avec les pratiques religieuses islamiques.
« Une bonne partie de la société croyaient au charlatanisme, à la sorcellerie, ou adoraient le feu, ou les idoles qu’ils considéraient comme déterminants dans la vie individuelle ou collective »
D’autre part, il y avait des nouveaux musulmans convertis à l’Islam qui avaient du mal à se départir des croyances ancestrales mélangées aux pratiques cultuelles islamiques. Ainsi, certains musulmans s’adonnaient aux pratiques ancestrales païennes, à côté des préceptes de l’Islam. C’est ce qui est appelé par certains chercheurs « l’Islam local » ou « l’Islam noir » ou « l’Islam africanisé »
Amar Samb décrit ce mélange « les pratiques de l’islam s’étaient mélangées à celles qui restaient du paganisme, ainsi, il n’était plus authentique »
Ce mélange se manifestait de plusieurs manières :
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Leur croyance aux démons et aux djinns protecteurs ;
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Leur attachement aux féticheurs, auxquels ils se recueillaient pour satisfaire leurs besoins et améliorer leurs situations
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Leur croyance au mauvais sort, causé par certains animaux ou certains jours
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Le fait de fêter certaines fêtes religieuses telles que le Achoura de manière traditionnelle
Cheikh Tidiane Dieye décrit ainsi la communauté Lébou
« la communauté Lébou malgré qu’elle soit une communauté étroitement liée à l’islam, a essayé d’allier les pratiques anciennes à la religion musulmane, ce dualisme apparait dans le rôle réservé à chacun des deux sexes ; au moment où les hommes s’occupaient de la religion, les femmes elles s’intéressent aux rites, aux offrande et à l’organisation de cérémonies pour rendre hommage aux djinns protecteurs »
C’était cela la situation de l’Islam pendant cette période. Ainsi, il avait d’une issue pour se départir des innovations blâmables, surtout avec la présence du christianisme qui se propageait de plus en plus par le biais des colonisateurs.
Sur le plan social, la société était symbolisée par les classes sociales. La tribu wolof à titre d’exemple est composée par la classe des « Guer » les nobles, les chefs religieux et les païens , la classe des « gneegnno » les hommes de métiers, parmi lesquels les forgerons, les sculpteurs entre autres et la classe des esclaves qui n’existent plus.
Nous trouvons la même chose dans les autres tribus, dans la tribu toukouleur, nous avons les « torodos, » classe des nobles et des hommes du savoir, la classe des paysans et des pêcheurs et enfin la classe des hommes de métiers.
Ce système de caste créait une de discrimination considérable au sein de la tribu qui se manifestait dans les relations sociales. Par exemple certaines personnes refusent de se marier aux personnes de classes inférieures.
Cette injustice sociale favorisait beaucoup d’animosité dans la société et freinait la cohésion sociale, et parfois les problèmes dépassent ces clivages sociales et prenaient une autre tournure laissant croitre un complexe d’infériorité entre des castes de milieu social différent.
Par ailleurs, la société était remplie de vices. La société sénégalaise était corrompue, la législation musulmane était permanemment violée, en plus certains vices étaient répandus dans la société tels que la calomnie, la tricherie, l’avarice, la médisance entre autres. Les gens s’adonnaient à des métiers en contradiction avec les préceptes de l’Islam comme le charlatanisme, le vol, la mendicité …etc.
En outre, les hommes du savoir se sont désorientés, ils se sont attachés à la mondanité, ce qui les poussait à faire le mauvais prêche « ils légitimaient aux rois leurs mauvais actes et leur donnaient une porte de sortie quelques soit les erreurs commises, ainsi ils ne nourrissaient que leurs intérêts crypto personnels »[1]
Certains musulmans ignoraient profondément leurs religions « il y avait une partie des musulmans qui priait sans faire les ablutions et sans aucune contrainte valable, ils ne faisaient la grande ablution que rarement ; il y avait parmi eux ceux qui sortaient l’aumône juste pour atteindre un bien mondain ; certains adoraient les idoles et immolaient des animaux pour eux, leurs femmes ne jeunaient pas et ne faisaient la prière que lorsqu’elles seront grandes, et certains annonçaient la formule de l’unicité sans connaître son véritable sens. »[2]
Ils ne connaissaient pas véritablement le sens de l’unicité, ce qui les a poussés à s’attacher à d’autres divinités, et à des pratiques traditionnelles en contradiction avec l’unicité, ce qui explique ce qui était connu en milieu Lébou, comme la croyance aux djinns qui protégeaient le village et préservaient le bien être de sa population. Ainsi, chaque village avait un djinn protecteur « Leuk Daour » à Dakar, « Mame Diaré » à Yoff, « Mame Coumba Lamba » à Rufisque ainsi de suite.
Ce qui est étonnant est que chaque année ils organisaient des fêtes pour célébrer les génies protecteurs en oubliant Allah le Protecteur. Pendant ces cérémonies ils immolaient des animaux pour ces djinns et s’adonnaient à des séances de danses aux rythmes endiablés de la mécréance.
Donc, une question se posait ainsi : est-ce que ces gens pouvaient être considérés comme des musulmans ? Même s’ils brandissaient leur foi à l’Islam, ils ignoraient beaucoup de précepte et la réalité de l’islam ainsi que la mission du prophète qui vise à instaurer l’unicité de Dieu et les vertus dans la société.
L’Islam avait besoin de quelqu’un pour redorer son blason et remettre la communauté musulmane sur le droit chemin. Il n’est pas étonnant si Seydina limamou (PSL) est apparu dans cet environnement pour redonner à la religion son lustre d’antan, la purifiant ainsi des innovations blâmables et des superstitions qui ternissaient son image.
Il a ainsi appelé à l’unicité de Dieu pour revivifier la religion et redonner à l’humanité la place de choix qu’Allah (SWT) lui avait réservée.
Qui est Seydina Limamou Almahdi (PSL) ?
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Naissance et enfance :
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C’est Seydina Limamou (PSL) fils de Alassane Thiaw et Coumba Ndoye, il naquit à Yoff en 1261 de l’hégire correspondant à 1845 (1843 pour d'autres). Son père lui a donné le nom de Imam Almahdi sous l’injonction du grand érudit de Ourou mahdi Imamoul Mahdi.
Nous ne connaissons pas beaucoup de son enfance, sauf les informations que Cheikh Matar lo a données dans son œuvre « bushrâ al-muhibbina » comme des signes avant-coureurs du grand homme qu’il allait devenir. Beaucoup de faits illustrateurs tels que sa propreté légendaire et la manifestation rapide de ses visions en état de songe. Cheikh Makhtar rapporte que alors étant enfant en âge d'apprentissage qu’il pleurait lorsque son pied se posait sur des souillures jusqu’à ce qu’elles soient lavées, en plus de la réalisation de tous les rêves qu’il avait vu la nuit.
Sans nul doute, il n’a pas reçu aucun enseignement, il est élevé chez ses vénérés parents, il ne savait ni lire, ni écrire. Par ailleurs, il travaillait pour vivre de la sueur de son front. Ainsi, il accompagnait son peuple dans leurs voyages de travail vers « Ndar » et ou « Banjul », dès fois il allait à la mer pour s’adonner à la pêche s'il n'était pas occupé à cultiver ses champs comme tout jeune de son époque .Les fruits de son labeur serait à nourrir des proches et aider les démunis.
En d'autre terme, il était un homme exemplaire, et un modèle pour ses pairs « il était le plus actif, le plus courageux et le plus juste de sa génération, il cuisinait pour ses compagnons, les assistait sur tous les plans et dirigeait la prière, et tout ce qu’il leur recommandait s’ils le faisaient il en résultait que du bien » (Bushrâ l-muhibbîn, P :8)
Il était très généreux, il distribuait tout ce qui lui était donné revenant de ses dures journées de pêche, il ne laissait rien pour sa famille sauf si l’un des membres s‘empresse à l’intercepter, il faisait la même chose après la récolte de son champ.
Il aimait adorer Allah avec dévotion, et priez pour son peuple s’il se trouvait dans le besoin et en cas de maladie, car ses prières étaient toujours exaucées.
Il a ainsi vécu avec son peuple, un homme exemplaire jusqu’à l’âge de 40ans où il a lancé son éternel Appel.
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Son Appel
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En 1882 une comète est apparue à l’Est, quand Seydina Limamou (PSL) l’a vue il dit à son cousin Daouda Ndoye « s’il plait à Dieu un grand évènement va se produire cette année ».Ensuite il eut rêvé de la mort d’une sainte femme, son rêve s’est réalisé, et cette sainte femme n’était autre que sa vénérée mère Mame Couba Ndoye qui fut rappelée à Dieu, le Mercredi 27 Rajab 1301 de l’hégire.
Le mort de sa sainte mère eut une relation étroite avec son Appel car aussitôt après ce douloureux évènement il a cessé de manger, de boire et de parler et répétait sans discontinuité la formule de l’unicité « la ilaha illa Lahu » tout le long de la journée. Ce qui a inquiété son peuple qui pensait qu’il était attaqué par les démons. A ce propos, ils ont demandé à son oncle de le soigner auprès des djinns comme c’était la tradition de l’époque. Quand son oncle lui formula sa demande de lui apporter cette aide, Seydina Limamou lui répond « Mon peuple n’a aucune science sur ce qui m’arrive, il n’y a qu’Allah qui connait ma dimension… »
Le 1 shabane 1301 de l’hégire (dimanche 25 mai 1884 en 1883 selon d'autres), il reçut l’injonction divine d’appeler son peuple au culte exclusif voué à Allah swt. Il lança son Appel à son peuple pour une adoration pure et sincère loin de toutes les innovations blâmables qui ternissaient l’image de l’islam. Sa mission consistait à revivifier la religion et de lui redonner son lustre d’antan comme l’avait laissé le Prophète (PSL), car la plus part des gens « adoraient les idoles, ne distinguaient pas le bien et le mal, le licite et l’illicite, craignaient les féticheurs comme ils craignaient Allah ou même plus, ils se sognaient auprès d’eux si l’un d’eux était malade ou une chose étrange lui arrivait » (Jawâabu s-sâ’il, P :2)
Il les a appelés en usant comme arme la formule de l’unicité la ilaha illa lahu
Allah l’a appuyé par des miracles comme ce fut le cas pour les prophètes antérieurs, ce qui montre la véracité de leurs propos.
Selon, Cheikh Matar Lo, Les miracles de Seydina Limamou (PSL) ne peuvent pas être comptés. Nous pouvons en citer entre autres :
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L’odeur du misk qui dégageait de sa maison, de son chapelet et de ce de ses adeptes ;
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Le fait qu’il soignait les maladies les plus graves par une touchée de main ;
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Le fait qu’il posait sa sainte main sur la tête d’un analphabète, puis ce dernier racontait des histoires anciennes ou récitait le Coran jusqu’à ce qu’il lui demande de s’arrêter ;
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Le fait qu’il parlait des histoires anciennes ou prédisait l’avenir comme ce fut le cas lorsqu’il a dit que son fils Seydina Issa continuera sa mission, alors que l’âge de ce dernier était juste environ 9 ans, il avait dit aussi que l’orient et l’occident vont se retrouver au lieu de son Appel et ceci avant le transfert de la capitale à Dakar. Aujourd’hui tout ce qu’il avait dit s’est réalisé ;
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Il a arrêté l’avancé de la mer ; lorsque la mer avançaient jusqu’aux maisons de ses adeptes, ils se sont plaints à lui, ainsi il est allé avec eux à la mer, il a mis un trait puis leur a dit, à partir de ce jour la mer ne dépassera pas ce trait. Il dit « vous ne me connaissez pas, mais la mer me connait et connaît ma dimension »
Cependant, je considère que son plus grand miracle est : les cœurs impropres très attachés à la mondanité et aux idoles qu’il l’a réussi à purifier jusqu’à ce qu’ils soient purs et très attachés à l’adoration et à l’unicité de Dieu.
La purification des esprits est l’objectif sublime des confréries soufies, c’est ce qui a donné naissance au soufisme, mais cet objectif est difficilement atteint à cause des nombreux obstacles ; Seydina Limamou lui a atteint cet objectif avec la plupart de ses adeptes ; il les a transformés à des modèles et des flambeaux de la droiture grâce à l’efficacité de sa méthode. Ainsi, il pouvait répéter sans hésitation ces propos « mes compagnons sont comme des étoiles, quel que soit celui que vous suivez vous serez sur le droit chemin »
Après cet Appel lancé Seydina Limamou a consacré toute sa vie à « à invoquer Allah, accomplir la prière, distribuer de l’argent, donner la nourriture, assister les croyants plus particulièrement les pauvres et les personnes âgées qu’ils soient ses amis ou ses ennemies ou des envieux» (bushra l-muhibbîn)
Ces nobles caractères qui étaient en lui ont poussé plusieurs personnes à répondre à son Appel. Ainsi, la confrérie a commencé à s’élargir à Dakar et sa banlieue, et des délégations ont quitté l’intérieur du pays pour atterrir à l’Ouest en suivant la lumière qui les attiraient, parmi ces personnes il y avait beaucoup de savants, certains ont laissé leurs écoles coraniques pour rejoindre le Mahdi parmi eux il y avait :
Tafsir Abdoulaye Gaye, Tafsir Makhtar Lo,Ababacar Sylla, Tafsir Ndické Wade, Tafsir Djibril Gaye…
Son Appel fut le plus grand obstacle contre les croyances de son peuple, ce qui a suscité la haine et la jalousie, ils ont commencé à s’opposer à lui et à le dénoncer auprès des autorités coloniales. Ce qui a déclenché les persécutions et épreuves trois ans après le début de l’Appel.
Les persécutions de Seydina Limamou (PSL) par les autorités coloniales
Lorsque la communauté layène a commencé à s’étendre, ses ennemis l’ont dénoncé auprès des autorités coloniales, ils leur ont dit « les adeptes de Seydina Limamou (PSL) se multiplient, ils prétend qu’il est le Mahdi qui mettra fin à votre royaume, il a des canons, de flèches et d’autres armes qu’il cache chez lui »(bushrâ l-muhibbin, P :14)
Les colons ont cru aux ennemis, puis ont essayé de freiner l’Appel et de disperser ses adeptes. Comme ils l’ont fait avec certains guides religieux qu’ils considéraient comme leurs plus grands ennemis.
Quand Seydina Limamou a reçu l’information il dit à ses adeptes « si quelqu’un vient ici pour m’arrêter ne lui dites rien, je me suffis à mon Seigneur »
Ce qui montre sa grande dévotion et son attachement à Dieu. Et pour éviter un conflit fratricide il a privilégié la solution pacifique basée sur la tolérance et l’acceptation de l’autre. Il a affirmé dans ses sermons qu’il n’a pas demandé à ses adeptes de faire le Jihâd mais plutôt de lutter contre leurs âmes charnelles jihâd n-nafs.
Les autorités coloniales ont tenté de l’arrêter une première fois en vain, puis elles sont retournées se préparer pour une 2ème tentative, dans cette période son oncle et les chefs coutumiers de son peuple sont venus lui suggérer de disperser ses adeptes, pour qu’ils lui réconcilient avec les autorités coloniales. Seydina Limamou (PSL) a refusé de manière catégorique, il leur a dit « Allah m’a demandé d’appeler les hommes et les djinns, personne ne peut me l’empêcher »
Puis il a pris la main de son fils Seydina Issa et dit « je sais que je vais mourir un jour, mais si je meurs mon fils continuera ma mission » alors que Seydina Issa était à l’âge de 8 ou 9ans.
Ainsi, Seydina Limamou (PSL) est sorti la dixième ou onzième nuit de Septembre 1887, il alla à Malika, un village côtière de la banlieue de Dakar, où il passa trois jours à Nguediaga, un endroit qui a pris le nom d’un arbre qui poussait là-bas, à côté de la mer.
Pendant ce temps les autorités coloniales inquiètes, ont regroupé leurs troupes en plus de certains membres de sa tribu pour aller à la recherche de Seydina Limamou (PLS). A la 3ème jour il s’est rendu pour alléger la souffrance de son peuple. Il fut arrêté avec son compagnon Abdoulaye Diallo et envoyé au juge à Gorée qui s’appelait « Beer ». Mais le juge n’a pas trouvé de preuves aux accusations, il n’avait ni les richesses ni les armes.
Malgré cela il a été mis en prison où des miracles ce sont produits, un vent très violent qui détruisait les bâtiments a soufflé, les colons l’ont déplacé dans un grand logement et lui ont réservé une cuisinière, puis ils ont consulté un homme dieu sur la situation, il leur a demandés de libérer l’imam pour ne pas susciter la colère de Dieu, ils ont décidé de libérer Seydina Limamou, mais il a refusé de partir sans son compagnon Abdoulaye Diallo, ce qui l’a retenu à Gorée trois mois. Correspondant à ce qu’il avait habitude de répéter « 3ans, 3jours et 3 mois » c’est-à-dire que les épreuves commencent 3ans après le début de la mission, il quittera son village pendant 3 jours et durera à Gorée 3mois.
Il est important de signaler que ses adeptes ne se sont pas dispersés pendant cette période. Ils se sont attachés à leur religion et aux enseignements du saint maître, ils étaient sûrs que le saint homme retournera vers eux pour continuer sa mission.
Quant aux causes de sa libération annoncées par les autorités coloniales sont entre autres le fait qu’ils n’ont pas trouvé d’armes chez lui, et son exemplarité, le juge dit dans son rapport « ce qui enseigne la dévotion, la soumission aux parents et aux guides religieux, et la fidélité dans la vie conjugale… », Assane Sylla, P :626
Après cette période d’épreuves, Seydina Limamou a continué sa mission de purification des âmes en ordonnant le bien et interdisant le mal. Cependant, ses adeptes continuaient d’être victimes de fausses accusations et d’arrestations sommaires de la part des autorités coloniales.
Le gouverneur de Dakar d’alors Patterson avait demandé l’exil de Seydina Limamou hors pays en 1890, mais sa requête est restée sa suite pour une cause que nous ignorons jusque-là.
Par ailleurs, tout ce qui ont essayé d’entraver la mission de Seydina Limamou parmi les autorités coloniales ont été écarté de leur poste.
Nous pouvons dire que les autorités coloniales n’ont pas réussi à arrêter sa mission. Ainsi, la communauté s’est répandue à Dakar et sa banlieue. Seydina Limamou (PSL) créa de nouveaux villages comme Cambérène et Malika etc. En outre, la communauté a atteint les régions de Saint-Louis et de Thies en autres. Comme disait Allah : « Ils veulent éteindre avec leurs bouches la lumière d'Allah, alors qu'Allah ne veut que parachever Sa lumière, quelque répulsion qu'en aient les mécréants ». ( Sourate 9, V 32)
Seydina limamou (PSL) fut un grand phare à l’ouest qui guidait l’humanité, il a réussi à éduquer ses adeptes et à corriger leurs comportements. Il a réussi à faire d’eux des musulmans modèles connus par leur dévotion et leur attachement à Allah.
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Certaines réformes de Seydina Limamou (PSL)
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Seydina Limamou (PSL) fut bien guidé par Allah, qui l’a choisi comme un guide vers le droit chemin pour l’humanité, et un grand rénovateur sur le plan social, ses réformes étaient pour la plupart axées, sur ce qui suit :
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L’éducation
Seydina Limamou (PSl) a réservé une place de choix à l’éducation sous toutes ses formes dans son mouvement de réforme ; il a commencé par l’enfant. Ainsi, il a demandé à ses adeptes d’éduquer leurs enfants, de leur donner des noms exemplaires, et les instruire, il leur dit : « Je vous recommande de vous occuper de vos familles. Chacun de vous est un berger, or le berger est responsable de ce dont il est le gardien » il a insisté sur cette lourde responsabilité dont la négligence est source de châtiment le jour du jugement dernier. Il a cité l’histoire du parent qui sera accusé par ses enfants devant Dieu, ils disent : « Les fils diront aussi : « ô notre Dieu, prends sur notre père les préjudices qu'il nous doit : il ne nous avait pas donné un nom qui figure parmi les noms des saints, il ne nous a pas éduqués, il ne nous a rien fait savoir du Livre de Dieu ; il ne nous avait pas interdit ce que Dieu interdit; il ne nous avait pas conseillé la pratique des commandements de Dieu il nous avait abandonnés, et nous avait laissés l'entière liberté de faire le Mal, ô Dieu prends donc sur lui les préjudices qu'il nous a infligés »
Si les parents assument la responsabilité d’éduquer leurs enfants nous auront à l’avenir des générations meilleures, car l’enfant recevra une bonne éducation à bas-âge, acquerra les nobles caractères doublés d’un enseignement de qualité.
Seydina Limamou a demandé à ses adeptes exciser leurs enfants à bas-âge, pour qu’ils puissent participer, très tôt, à la vie sociale et religieuse, et pour éviter aussi toutes les mauvaises pratiques qui se faisaient pendant ces cérémonies, telles que la danse, la musique et la mauvaise fréquentation.
Il leur a recommandé aussi de marier leurs filles pendant cette période. Cette recommandation revêt une importance capitale dans l’éducation. Parce que les femmes représentent la frange la plus importante dans la société, si elles sont bien préparées et éduquées la société serait exemplaire, comme disait Ahmad shawqi le poète égyptien :
La mère est une école, si elle est bien préparée
Un peuple exemplaire de bonne source est préparé
Sans nul doute, la dépravation des mœurs chez la femme apparait de manière générale pendant la période d’adolescence, lorsqu’elle est célibataire, « libre », en suivant ses passions, et à la recherche d’un mari. Pour la plus part des cas, cette volonté peut la pousser à montrer sa beauté avec indécence pour attirer les hommes, ce qui aura comme conséquence la propagation de la débauche, des maladies sexuellement transmissibles et de la déviance.
Seydina Limamou demanda à ses adeptes de trouver un époux à leurs très tôt pour apparemment les préserver contre les mauvaises conséquences du célibat, et pour les parents puissent mieux contrôler leurs filles, et surveiller leur comportement, leurs tenus et leurs fréquentations entre autres.
Avec cette éducation de base l’enfant layène sera bien préparé et préservé dans sa famille pour qu’il puisse entrer dans la vie sociale sans danger.
Sur ce, Seydina Limamou (PSL) a impliqué l’enfant et la femme dans la vie socioreligieuse, contrairement à ce qui était connu dans cette période, où la femme qui pratiquait sa religion était considéré comme une source de malheur, et l’enfant qui le faisait risquait de mourir très tôt. Quand Seydina Limamou est venu il a mis au même pied d’égalité les enfants, les adultes, les hommes et les femmes dans l’adoration de Dieu. Il dit : « Sachez que la religion doit être également pratiquée par adultes et jeunes, hommes et femmes ».
Il a réservé dans les mosquées une place pour les femmes qui priaient derrière les hommes, ce qui n’était pas fréquent pendant cette période, mais aujourd’hui presque toutes les mosquées ont une place réservée aux femmes.
Cette implication était la plus grande émancipation pour la femme.
Par ailleurs, Seydina Limamou a enrayé les vices qui étaient répandus dans la société, qui étaient pour la plupart causés par un attachement à la mondanité, il disait : « Celui qui veut me suivre doit abandonner ce bas monde et ce qu'il contient, lui accorder une faible importance », Donc, la 1ère condition pour appartenir à sa communauté est de s’éloigner de la mondanité, ce penchant à l’ascétisme est retrouvé dans ses sermons et recommandations.
« Ne cherchez pas à vous surpasser les uns les autres dans l'acquisition des richesses de ce bas monde. Cherchez plutôt la concurrence dans l'obtention des richesses de l'autre monde. C'est ça qui procure la fortune éternelle et des honneurs élevés. Ne soyez pas avides des biens de ce bas monde, car ce monde-ci est (comme) un cadavre (impropre à la consommation). Seuls les chiens et les vautours mangent un tel cadavre. Détachez-vous donc de ce bas monde ne le suivez pas, car c'est une demeure qui va vieillir et disparaître. Or sa disparition est proche »
Si nous analysons très bien ces recommandations, nous allons trouver qu’elles peuvent être une solution à la plupart des problèmes sociaux, toutes les maladies de la société (ou du moins la plupart) sont liées à l’attachement à la mondanité au détriment de l’au-delà. Ils ne se soucient de l’origine de leurs biens si c’est licite ou illicite, ils ne soucient pas si leurs pratiques et leurs paroles sont bonnes ou mauvaises, leur seul préoccupation est d’être riche quelques soient les moyens, leur philosophie est « la fin justifie les moyens ». En conséquence, les vices sont répandus dans la société tels que la corruption, le vol, le détournement, le mensonge, l’arnaque, la médisance, les crimes de sang, entre autres. Les uns détruisent les autres à cause de a mondanité et ils s’entretuent comme les poissons dans l’eau.
Voici la triste situation du monde d’aujourd’hui, pourtant s’ils avaient suivi les enseignements de Seydina Limamou (PSL) ils sortiraient de cette situation, car Seydina Limamou avait réussi à sortir sa communauté de ces vices.
Il recommandait à ses adeptes de s’éloigner des mauvaises pratiques « Je vous recommande d'éviter la médisance, la calomnie, le mensonge, la trahison et le fait de raconter beaucoup de choses sur quelqu'un que vous n'aimez pas. Évitez la jalousie, la haine, l'orgueil, et l'ostentation. Purifiez vos œuvres en les consacrant à Dieu », ne sont-elles pas les maux de la société d’aujourd’hui ?
Seydina Limamou a donné à sa communauté ce qui pourrait les aider à se départir de ces maux, c’est invocation d’Allah à tout moment « Ne négligez pas d'évoquer le souvenir de Dieu partout où vous vous trouvez. Le rappel du souvenir de Dieu diminue les mauvaises actions et multiplie les bonnes. Or celui qui totalise beaucoup de bonnes actions et peu de mauvaises aura pour demeure le paradis, s'il plaît à Dieu » (…) « Pensez à Dieu, à tous les endroits, car ces lieux porteront témoignage en votre faveur le jour du jugement dernier ».
D’ailleurs, Seydina Limamou (PSL) a fait de l’invocation d’Allah le symbole de sa communauté, Allah lui a donné « lâ ilâha illa Lâhu » la meilleure invocation, avec des formulations variées que ses adeptes répètent tout le temps, dans tous les endroits ; avant et après la prière, pendant le travail, lors des funérailles, et dans toutes les cérémonies sociales comme religieuses, c’est ainsi, qu’ils sont appelés « wa layenne » c’est-à-dire les gens de Dieu, grâce à la fréquence de l’invocation chez eux. Ils ont gagné beaucoup de respect et d’estime au sein de la population.
Il est bon de signaler que Seydina Limamou était un modèle pour ses adeptes, il était le premier à exécuter les recommandations qu’il donnait, il disait « Moi, Limamou Lahi, qui vous parle, sachez que tout ce que je vous conseille pour l'accomplissement du Bien par le corps et par la parole, tout cela, s'il plaît à Dieu, je le pratique à tel point que vous ne pourrez pas en faire autant. Prenez exemple sur moi et prenez exemple sur mes actes et mes paroles. Si vous le faites complètement, je vous conduirai dans la voie du salut ».
A côté de l’éducation individuelle, Seydina Limamou a amélioré les relations entre les adeptes pour ainsi créer une société équilibrée qui jouera pleinement son rôle dans la construction du monde.
La justice sociale
La première chose évoquée par Seydina Limamou sur le plan social est la justice et la solidarité sociales, il a insisté sur le fait qu’ils soient nécessaires pour attirer la miséricorde d’Allah ; il disait « Sachez ô vous Croyants que le Croyant doit rester uni aux Croyants, lesquels s'unissent à lui. Celui qui ne le fait pas ne reçoit pas l'aide de Dieu ». L’homme est un être social qui a l’obligation de vivre avec les autres, les intégrer et avoir avec eux des relations directes et indirectes, des relations qui doivent être basées sur l’amour, la solidarité , la cohésion et l’esprit de sacrifice comme nous l’a recommandé Seydina Limamou « de s'unir en un bloc, de s'entraider, de se rendre visite mutuellement, de se consulter, de s'aimer en tout instant devant Dieu et son Envoyé ».
Ce qui est confirmé par les propos du Prophète (PSL) « Aucun d’entre vous n’est croyant jusqu’à ce qu’il aime pour son frère ce qu’il aime pour lui-même » (rapport par al-Boukhari et Mouslim)
Si nous voulons créer une société exemplaire nous devons vivre en harmonie et dans la solidarité , chacun doit se préoccuper à corriger ses imperfections personnelles avant de se soucier de celles des autres, avoir de bonnes suppositions les uns envers les autres, et éviter tout ce qui peut être à l’origine des divergences et des conflits pour créer une cohésion totale dans la société, tel que recommandé par Allah SWT (Et cramponnez-vous tous ensemble au : « habl » (câble) d’Allah et ne soyez pas divisés) Sourate 2, verset 103.
Seydina Limamou s’est beaucoup préoccupé à l’unité des musulmans et à l’éradication de toutes les sources de conflits et de division sur les plans social et religieux.
La tolérance et la non-violence
Seydina Limamou PSL a recommandé à ses adeptes de s’éloigner de ce qui peut être à l’origine des conflits entre les musulmans. Son attachement à la paix est visible dans ses relations avec les colons persécuteurs et dans d’autres occasions telles que lorsqu’il y avait un malentendu entre ses adeptes et ceux de Cheikh Ahmad Bamba à Ngakham, il leur a envoyés un sermon dans lequel il disait « J'ai appris que certains d'entre vous, Layènes, avez eu des querelles avec leurs compagnons qui sont des disciples de Cheikh Ahmadou Bamba, et avec d'autres. Ceux-là et vous-mêmes êtes tous des musulmans, et il ne doit exister entre vous que fraternité. Il ne doit pas exister parmi les adeptes de l'islam d'inimitié et de haine. Sachez que la religion c'est la générosité, l'amour et l'entraide.
Rappelons qu'un jour le Prophète Muhammad, bénédiction de Dieu et paix sur lui, revenant d'une guerre sainte a dit à ses compagnons : nous venons de quitter la petite guerre et avons l'intention de pénétrer dans la grande guerre, la guerre contre les passions de l'âme.
Dans la religion, polémiques et disputes sont interdites. Chercher à vous rabaisser l'un l'autre, à vous salir, à vous avilir et la rivalité sont également interdits dans la religion. Ne cherchez pas à vous surpasser les uns. les autres que dans la droiture et la crainte de Dieu. Que chacun de vous, musulmans, suive celui qui est son guide et son appui religieux, pratique ce qu'il a ordonné et imite ses qualités. Ne placez pas ce bas monde devant vous, laissez le derrière vous ». Sermon3
Il a ainsi évité un conflit qui a failli diviser les musulmans.
Par ailleurs, Seydina Limamaou a recommandé à ses adeptes d’éviter le dispute et les querelles et de consolider les relations entre les musulmans. Il leur a fortement recommandé la tolérance, il est allé plus loin que tous ceux qui sont connus comme précurseurs de la non-violence, il leur a dit : « si vous rencontrez quelqu’un qui coupe votre chapelet, ne réagissez pas, ramassez juste les perles, et s’il vous l’empêche cherchez un autre chapelet c’est mieux que de disputer ou de se battre »
Imaginez si les musulmans avaient cet état d’esprit, ils vivraient entre eux dans la stabilité, même s’ils appartiennent dans des écoles et des confréries différentes, et ils vivraient en paix avec les autres communautés, surtout en ce moment où des personnes sont persécutées à cause de leur appartenance religieuse, Pendant que d’autres pronent l’époque où l’on parle de dialogue islamo-chrétien.
Lutte contre les classes sociales
Seydina limamou PSL a recommandé à ses adeptes de se référer au nom Lahi « Allah » à la place de leurs noms de famille, ce qui avait comme but d’unir les musulmans d’une part et d’éviter les querelles et conflits entre les classes sociales ou les tribus d’autres part. Imam Sakhir Gaye dit à ce sujet « pour unir les musulmans ils leur a demandés d’abandonner leurs noms de famille qui étaient sources d’arrogance et de mépris »
Certains noms de famille étaient source d’arrogance, car ceux qui les avaient pensaient qu’ils étaient d’une race supérieure, de ce fait, ils traitaient les autres avec mépris. Le nom de famille déterminait la classe sociale de l’individu, par conséquent, il impactait négativement sur les relations sociales par la concurrence, l’ostentation, la marginalisation, le refus de mariage ou d’intégration entre autres.
Si nous faisons une analyse de la situation de l’Afrique, nous allons trouver que les plus grands problèmes et conflits qu’elle a traversé sont nés du tribalisme et de la non acceptation de l’autre, c’est pour cela Seydina Limamou a demandé d’abandonner les noms de famille pour se référer à Allah le Très-Haut, car le nom de famille n’est pas un critère de supériorité mais c’est plutôt la crainte d’Allah (Tahwâ) qui l’est. Allah dit : « Ô hommes ! Nous vous avons créés d'un mâle et d'une femelle, et Nous avons fait de vous des nations et des tribus, pour que vous vous entre-connaissiez. Le plus noble d'entre vous, auprès d'Allah, est le plus pieux. Allah est certes Omniscient et Grand-Connaisseur.» Sourate 49, verset 13.
Ce qui l’a poussé à abandonner le noble nom de famille qui était le sien, pour se référer comme tous ses talibés à Allah (Lahi), dans une société où tous sont égaux comme les dents d’un peigne, le seul critère de grandeur est la crainte d’Allah, dans une société fondée sur la base de l’amour mutuel, la solidarité et la cohésion.
La construction de la terre
Pour la réalisation d’une société exemplaire sur les plans social et religieux, Seydina Limamou PSL a recommandé à ses adeptes de s’intéresser à la construction de la société et d’éviter tout ce qui peut être à l’origine d’un déséquilibre social, il disait « je vous recommande de ne vous déplacer que vers un but louable et de vous abstenir de sortir lorsque cela permet d'éviter un Mal » ces mots résument tout ce qui peut créer la stabilité sociale. Donc, nous ne devons pas les comprendre de manière superficielle, « se déplacer vers un but louable » ne se résume pas à aller à la mosquée, rendre visite aux parents entre autres, mais ça implique tous les actes de bienfaisance, tels que la construction des hôpitaux, des écoles, des puits, et la création des entreprises, des fondations. Comme l’a précisé le Professeur Libasse Gaye dans l’une de ses conférences : « « se déplacer vers un but louable » implique la création des associations de bienfaisance pour éradiquer la pauvreté sur terre »
Par ailleurs, « S’abstenir de sortir lorsque cela permet d'éviter un Mal » implique de s’éloigner de tout ce qui peut détruire la société, tels que la division, la fraude, l’enrichissement illicite, la drogue, la corruption, la médisance entre autres. Seydina Limamou a beaucoup insisté sur ce point, il disait : « Soyez des promoteurs de la bonne entente et non des destructeurs (des bonnes relations)».
Les cérémonies familiales
En ce qui concerne les cérémonies familiale qui consiste aujourd’hui une grande occasion de gaspillage et d’amusement, Seydina Limamou a demandé à ses adeptes le respect scrupuleux des recommandations de l’Islam pendant ces cérémonies, et éviter la musique et la danse. L’époux doit veiller à l’application de ces recommandations, à défaut il rendra des comptes devant Allah SWT, l’épouse dira "ô mon Dieu, celui-là était mon mari sur la Terre. Il me battait pour m'imposer le respect de son lit. Il ne m'a jamais battue pour manque d'obéissance à Dieu et à son Envoyé, ou pour manque de pratiquer les prières, le lavage rituel, les ablutions et le jeûne . il ne m'a jamais interdit la danse, les chansons frivoles, le bavardage et les injures »
Ce qui est recommandé est d’invoquer Allah par le Zikr pendant ces cérémonies pour Le remercier pour tout évènement heureux, et implorer Son pardon et être patient pour tout évènement malheureux.
Par ailleurs, Seydina Limamou PSL a interdit le gaspillage pendant ces cérémonies, le layène doit toujours cultiver le bien et s’intéresser à ce qui lui donne l’agrément d’Allah SWT, quant aux cérémonies familiales avec la manière dont elles sont célébrées aujourd’hui par le gaspillage, les chansons frivoles et la danse, sont contradictoires aux enseignements de Seydina Limamou PSL que ça soit le mariage, le baptême, même les funérailles.
D’ailleurs, Seydina Limamou a réservé un sermon aux funérailles, où il interdisait aux musulmans de se regrouper chez le défunt après l’enterrement, car cela peut pousser la famille à s’endetter ou utiliser de l’argent illicite pour les nourrir. Il disait : « Après l'enterrement du défunt, et le retour de ceux qui étaient allés l'accompagner, et après avoir présenté vos condoléances à la famille du défunt et aux parents, dispersez-vous et retournez chez vous » (sermon5)
C’est ce qu’on peut comprendre dans un hadith rapporté par AbdouLaye Ibn ja’far, lorsque ja’far est décédé le Prophète a dit : « Préparez pour la famille de Ja`far un repas car ils sont préoccupés par ce qui leur est arrivé » Rapporté par Ahmad et Abou Dâwoud. Ce n’est raisonnable que la famille du défunt soit à la fois préoccupée par la perte d’un être cher et la prise en charge des hôtes.
Par ailleurs, cette peine peut les pousser à s’intéresser à ceux qui sont venus et ceux qui ne le sont pas , ceux qui les ont aidés et ceux qu’ils ne l’ont pas fait, ce peut engendrer des malentendus ou des conflits. Ils diront : « un tel n'est pas venu, ou je n'ai pas vu un tel, ou un tel est venu mais il n'a rien donné, ou un tel ceci ou cela. Ce n'est pas joli, et ça n'a rien à voir avec l'Islam c'est la médisance, c'est un tort ».(sermon5).
Seydina Limamou PSL a formellement interdit de se regrouper chez le défunt pour une quelconque cérémonie il dit : « Ne vous rassemblez pas chez le défunt après le retour de ceux qui étaient allés l'accompagner. Que celui qui veut faire une aumône pour le défunt plonge son coeur dans le recueillement, qu'il se fasse humble s'adressant à Dieu, gloire à Lui, pour implorer en sa faveur le pardon et la clémence de Dieu, qu'il le fasse chez lui (et non chez le défunt) ». (Sermon5).
L’incitation au Travail
Il est recommandé à tout musulman de travailler pour vivre avec le sueur de son front et éviter l’affront de la mendicité. D’ailleurs, le travail est une forme d’adoration indiquée par Allah SWT, Il dit à la sourate 62, verset 10 « Puis quand la Salat est achevée, dispersez-vous sur terre et cherchez [quelque effet] de la grâce d’Allah ».
D’ailleurs, tous les prophètes ont eu une profession, ou un métier qui leur permettaient de vivre avec le sueur de leurs fronts, ce qui est considéré comme la meilleure façon de se nourrir. Le Prophète dit : « Nul n’a jamais mangé de meilleure nourriture que celle qu’il a obtenue du travail de ses mains. En outre, Dawood (u), le Prophète d’Allah, se nourrissait du fruit de son travail » Hadith rapporté par Boukhari, Tome 2, P :730.
Le Prophète PSL était à la fois berger et commerçant, alors que c’est le meilleur des créatures. Seydina Limamou faisait à la fois le commerce, l’agriculture et la pêche. Ainsi, il a inculqué le travail chez ses adeptes et les a poussés à l’aimer. Il leur demandait de travailler pour vivre, mais aussi de travailler de manière bénévole pour la société, il les envoyait cultiver bénévolement les champs de son peuple, ce qui était un moyen efficace de lutter contre la pauvreté et de relever le pouvoir d’achat de chaque individu.
En outre, Seydina Limamou a insisté sur le licite, car le bien doit être bien acquis et le travail doit être conforme aux recommandations divines, car un bien mal acquis sera sévèrement puni. Il dit dans son premier sermon « Ne consommez et ne buvez que ce que vous avez honnêtement acquis, ne montez que sur ce qui est honnêtement acquis, ne portez que des vêtements honnêtement acquis. N'utilisez, sur l'ensemble de tout ce qui peut vous servir, que des choses proprement acquises ».
Ce qui est proprement acquis, c'est ce que vous avez gagné honnêtement. Le Bien mal acquis sera la première chose que l'on enlèvera du ventre de l'homme, le jour du jugement dernier. Un Bien mal acquis peut gâcher une grande richesse, comme une cuillerée de sang peut souiller une calebasse de lait.
C'est de cette manière qu'un petit Bien mal acquis peut gâcher une grande richesse honnêtement gagnée. Le signe de la déchéance chez l'homme, c'est le fait de s'approprier tout ce qu'on a envie de posséder, sans se soucier de la manière honnête ou malhonnête, ou obscure, de l'acquérir ».
De ce fait, le musulman doit surveiller de très près ses biens pour qu’ils ne soient pas souillés pas l’illicite comme le sang souille une calebasse de lait. Donc, il doit éviter tous les moyens d’enrichissement illicite, tels que le vol, l’usure, les jeux de hasard, le détournement des deniers publics, la drogue, l’arnaque pur ne citer que cela. Il doit s’intéresser à gagner honnêtement sa vie, pour se nourrir, entretenir sa famille et aider les pauvres.
Seydina Limamou a insisté sur les grands postes de dépenses qui garantissent l’agrément d’Allah, il disait : « Votre richesse ne peut vous être utile que par la portion qui a servi à vous nourrir, la portion qui a servi à vous habiller et la portion que vous avez investie pour demain dans une ouvre consacrée au service de Dieu » (sermon1). Il a ainsi combattu le gaspillage sous toutes ses formes, ainsi que l’avarice et la thésaurisation de l’agent sans le financer dans projets et actions qui améliorent la situation des membres de la société. il a beaucoup insisté sur la nécessité de prendre en charge la famille, et de sortir la zakat et l’aumône. Il a élargi l’assiette de la zakat aux fruits et aux salaires mensuels, bref tous les biens acquis pour qu’elle soit un moyen efficace d’éradications de la pauvreté et de la misère de nos sociétés.
Seydina Limamou a vécu toute sa vie durant, en tant que rénovateur sur le plan social et un grand guide religieux, il a pu éduquer son peuple, et a réussi à jeter les bases d’une société exemplaire basée sur la justice, l’équité, l’amour mutuel et la fraternité. Ainsi, ses adeptes sont cités en exemple à cause de leur droiture et leur dévotion.
Il est rappelé à Allah, la nuit du Vendredi 14 shawâl 1328 correspondant à 1909. A l’âge de 66 ans, puis il a été enterré au bord de la mer à « Diamalaye », suite à la prière mortuaire dirigé par son fils Seydina Issa qui était alors âgé de 33ans. Il l’a ainsi succéder dans la mission divine qui était la sienne. Que la salutation et la bénédiction d’Allah soient sur eux.
Ibrahima Sambe
Commission scientifique
[1] ) Sûzi Abâzamouhamed, image de la société africaine à travers les questions de Letmoti et Askiya, P :62.
[2] ) Idem, P :65.